Les 20 ans du DCF juillet 2000

Les 20 ans du DCF… voilà une affiche qui a belle gueule non ?

Je me permets un petit préambule personnel avant de vous conter ce week-end inoubliable…

Nous sommes vendredi 28 juillet, il est 01h20 du matin. Je rentre du repas hebdomadaire avec des potes motards lyonnais et avant d’aller me coucher, je fume une clope à la fenêtre. J’aime la nuit, ces heures blêmes où la capitale des gaules est endormie, où mon quartier est tout calme. Dans mon petit F2, les affaires pour le départ sont prêtes, la table basse est encombrée : combarde de pluie, tee-shirts, casquette, jeans, appareil à tofs, carte michelin. Le cuir est posé sur le canapé, comme d’hab c’est le boxon chez moi mais je m’en tamponne. Dans quelques heures, je partirai avec mes potes vers le circuit du Vigeant au guidon de la meilleure moto que j’ai jamais eue. A la lueur de l’halogène je regarde ma carte d’adhérent du DCF.

Datée du 1er mai je suis un bleu dans la grande famille. Il y a deux ans je ne faisais que rêver de Ducati, j’en savais encore moins que maintenant sur cette fabuleuse aventure que je vis aujourd’hui.

01h50, il est temps d’aller dormir, demain il y a de la route ! ;-))

Vendredi 28 juillet 16h40.

Ca y est ! La journée de taf est enfin terminée ! Je troque mon jean de petit développeur bien sage pour enfiler le cuir et je descends au garage récupérer miss JBT.

Il fait beau et ça c’est pas dommage parce que les nuages noirs qui sévissaient plus tôt dans l’après-midi n’annonçaient rien de bon !

Allez, on charge la JBT avec la sacoche réservoir, le sac à dos et la tente sur le dosseret arrière. Je démarre et m’élance dans les rues de Lyon. Au feu rouge les automobilistes détaillent la moto chargée comme une mule. Je laisse le desmo vivre sa vie peinard et monter en température le temps d’aller retrouver Didier " Mash " à quelques kilomètres de là à son taf. Le ST2 rouge de Didier est là, affichant 56 kilomètres au compteur… mouarf !

On discute le bout de gras rapido quant à la route à prendre puis on transfère la tente sur les sacoches du ST2, parce qu’il faut bien qu’elles servent à quelque chose ces papymobiles hein ? ;o))

17h10 : Arrêt essence sur le périphérique. Un couple de retraités nous regarde intrigué. La mamie semble ravie et pendant tout le temps du ravitaillement, euh… du plein, elle ne nous quitte pas des yeux, un sourire ravi sur le visage. Comme je suis un gars très imaginatif, je me fais déjà des plans dans ma tête… Je l’imagine trente ans plus tôt en passagère d’une Triumph de la grande époque partant au Tourist Trophy avec toute une bande de potes… rhâââ… qu’est ce que ça va être quand on aura leur âge ! ;-))

17h40 : On arrête les moteurs devant chez Xavier. La Bimota Mantra qu’on lui a prêtée pour le week-end est dehors, il est en train de la nettoyer. Elle n’est pas encore chargée, il faut dire que bon, euh… Xavier est un peu (beaucoup) à la bourre. Je m’occupe de revisser mes rétros qui ne tiennent plus trop en place et je démonte le feu AR pour changer l’ampoule qui a pété, bref, rien de neuf ;-)) Pendant ce temps Xavier prépare les sacoches cavalières de sa monture verte et noire (qui a dit " beark ! " ?)

17h50 : Le doux ronronnement des Imola du Mostro 600 d’Alex résonnent à leur tour dans la cour et hop, un de plus ! Lui aussi est pas mal chargé… On taille le bout de gras, on se fume une clope ou deux ou trois ou même plus, je me souviens plus très bien mais on s’en tape un peu. Xavier file se doucher alors que j’explique qu’en prévision de la concentre, je ne me suis plus lavé depuis trois jours… mais non, je déconne !

18h00 : Arrivée du magnifique 851 de Rudy avec Guillaume sur la Bonda CB 1100 de 1979, qui mis à part sa consommation en huile ahurissante tourne très bien. Bon okay, dans le pin bouchain, à la remise des gaz, on pourra constater qu’il fume autant qu’un deux temps son engin mais bon, il n’en reste pas moins que pour une Bonda, ça va.

18h40 : Tout le monde est prêt, Xavier passe un coup de téléphone à Serge qui était des nôtres au WDA sur son 851 mais le pauvre garçon est débordé de boulot, il nous rejoindra peut être demain s’il en a le courage… Tant pis on part donc sans lui.

19h00 : Arrêt essence à la station la plus proche de la Croix Rousse pour ceux qui ne l’ont pas fait, notamment Alex sur le Mostro.

Rudy passe devant et je ferme la marche, allez, on est parti ! Rhâ cette tension, on piaffe d’impatience, on l’attend depuis tellement longtemps ce jour !

On enquille les routes vers St Didier au Mont d’Or, Limonest puis la deux voies le temps d’enfiler la N7 direction Roanne.

Il n’y a pour l’instant pas grand monde sur la route, on peut rouler peinards, en enroulant sur un rythme vraiment raisonnable, Didier est en rodage sur la Papymobile alors en plus on l’attend quand même.

On va profiter d’un bon petit café restau bien de chez nous pour engloutir quelques croque-monsieur et autres sandwiches plus communément appelés casse-dalle.

Je papote avec la patronne pendant que les autres font des tofs des motos alignés en rang d’oignon. C’est vendredi, on a le week-end devant nous et on en profite déjà. Il n’y a plus que les potes et les motos dans ma tête, tout le reste est déjà si loin, si loin …

Lorsque nous nous remettons en route, plus de trois quart d’heure se sont écoulés et la nuit est tombée. On n’est pas sorti du bled que déjà il faut s’arrêter à nouveau pour revêtir les combardes de pluie : il flotte !

Heureusement la température est clémente.

Nationale 7, nous revoilà sur nos engins ronflants, la pluie et la nuit ne pourraient avoir raison de la foi ducatiste ; nous devons rejoindre nos frères d’armes au Vigeant !

Il reste encore quasiment 300 bornes alors faut pas traîner. D’autant plus que Linus nous attend à Montluçon pour 22 heures.

Bon, en fait on va prendre du retard avec toutes les bagnoles qui partent en vacances (incroyable tous ces gens en vacances !), les arrêts essence/pipi/clope et tout ça.

Si bien qu’on arrivera à Montluçon je sais plus à quelle heure exactement mais sacrément en retard.

Bon, il faut quand même que je vous parle de notre passage à Montluçon. Mash est devant, il nous conduit directement à Linus dont le 888 est sagement garé au centre ville. Il est déjà tard, il attend depuis un moment et il est heureux de nous voir enfin arriver. C’est sympa de le revoir lui et son huit huit depuis le WDA et l’épisode fameux du régulateur ;-))

On discute donc un petit moment, et là tout à coup on hallucine ! Deux bandes de jeunes kékés à bord de 309, Golf et autres trucs dans le genre se coursent à toute vitesse dans le rues, freinages en travers, courses d’accélération … kékéland quoi ! Des piétons bien intentionnés ne semblent pas s’en étonner outre mesure et viennent plutôt détailler nos belles italiennes. Finalement, y’a pas que des kékés à Montluçon ! ;-))

On papote un brin avec les deux couples (quarantaine d’années) et l’un des gars m’apprend qu’il a restauré un mono ducati il y a une dizaine d’années. Sa femme très intéressée détaille la JBT en me confiant qu’elle la trouve très jolie et que ça change un peu le gris.

Pendant que je fais du relationship, mes compagnons démarrent alors je quitte ces gens de goût pour rejoindre la horde.

Linus prend la tête du convoi avec son énorme sac à dos direction Guéret, la Souterraine… Là on roule sans se poser de questions, c’est assez pénible de rouler avec tous ces convois de caravanes et de familiales de vacanciers qui sont pare chocs contre pare chocs.

La fatigue commence à venir, mais on n’est pas encore arrivé alors on continue ! Je profite d’un arrêt essence pour boire un coca qui va me faire du bien parce que je commence à sombrer un peu.

Les cinquante derniers kilomètres vont être difficiles. Et lorsque les panneaux "Circuit du Val de Vienne" apparaissent sur les côtés de la route, un élan de courage nous assaille pour nous aider à couvrir les dernières bornes. Au loin les éclairages géants du circuit brillent dans la nuit, comme pour nous guider. Seule lumière dans la nuit totale, le côté métaphysique ne m’échappe pas. Seul phare dans la tempête, le monde Ducati guide ses ouailles dans le bon chemin ! ;-))

Enfin nous pénétrons dans l’enceinte du circuit, direction le camping. Là ; c’est le bonheur. Il fait frais, nous sommes éreintés mais la vue de toutes ces tentes et de toutes ces motos nous réchauffe le cœur. Les cousins de la squadra Guzzi sont dans un coin à faire la teuf, un peu partout des feux de camps et d’immenses drapeaux italiens… Wouah, c’est bon ! Comme prévu, rien à voir avec le World Disney Weekend, ici même à trois heures du matin la première nuit, ça respire la PASSION et ça fait un bien dingue !

On laisse les motos près des groupes électrogènes avec Rudy, Alex et Guillaume qui montent la garde alors que nous partons à la recherche de Marco Desmo et des autres listeux.

Après quelques aller-retour à pied, nous finissons par prendre les motos pour rejoindre un campement où est garée la Pantah de Marco. Dans un passage plein de boue et d’ornières, Xavier laisse échapper la Mantra qui s’écrase mollement sur le sol. Des gars sortent de la léthargie ambiante pour venir l’aider à redresser la moto. Un cligno H.S. pas grave mais un poil de peinture à prévoir sur le tête de fourche ;((

On arrive enfin devant la Pantah de Marco qui sort de la tente, la tête un peu dans le cul, enfin c’est une image parce que Marco a beau être Marco, il n’est pas si souple que cela. Rhâ ça fait du bien de le voir là le père Marco ! ;-))

On pose les motos en prenant soin de choisir un endroit où la terre est à peu près sèche mais on assure le coup en mettant de bonnes cales. Et puis après ben faut bien monter les tentes parce qu’il est trois heures du mat et qu’il faut dormir un peu maintenant ! ;o))

Ben on fait ça méthodiquement, sans se presser ; à la lueur des lampes électriques et des phares des motos. Ca pourrait paraître galère comme ça pour le lecteur lambda mais ceux qui étaient là ou ceux qui connaissent le truc savent qu’on est tellement heureux d’être là avec ses potes pour partager cette passion enivrante que la fatigue s’efface vite lorsqu’il faut dresser la tente. On sait qu’on vit des moments forts et qu’on n’oubliera jamais. Pour ma part, il s’agit en plus d’une première vraie réunion du genre, n’oublions pas qu’il y a quatre ans je n’étais encore qu’une vermine rampante qui n’avait pas encore posé ses roues sur la route ailleurs que pour aller d’un chemin d’enduro à une piste de cross…

A quatre plombes du mat les tentes sont montées, Mash et moi nous partageons l’espace vital sous les regards bienveillants de nos fidèles montures qui se reposent dehors.

Et maintenant … dodo ! ;-))

Samedi 29 juillet

J’ouvre un œil. Le sol est dur. Je tends une main hésitante, limite larve vers la montre posée à côté de mon sac de couchage : 08h15. Dehors on entend le speaker du circuit annoncer le programme de la journée : essais et courses des monos, twins, coupe IE e 300 Miles… ça va le faire !

Je me lève en bousculant Mash qui a du mal à se réveiller. Dehors les plus courageux sont déjà debout : Linus, Marco puis Xavier. Alex va sortir la tête de l’eau ou plutôt du duvet et nous nous préparons tranquillement pour aller récupérer nos entrées, nos passes… rose bonbon.

Il y a déjà une sacrée queue devant le camion. Partout des motos… et quelles motos ! SS, SS couples coniques (pas assez dixit Emmanuel " Darmah " ;-)) , F1 (rhâ lovely), Monos, Guzzi, et … et … dans un coin une splendide Laverda 750 Formula orange et bleue, comme celle de mes rêves les plus fous… je fonds !

Bon okay ; il y a aussi des R1 anodisées et des GSXR tunées mais bon, qui sait, peut être que ces mauvais garçons sont sur la voie de la rédemption ? C’est tout le mal qu’on peut leur souhaiter !

Après récupération du sacré graal ;-)) nous filons chercher un casse dalle pour bien commencer la journée. A quelques dizaines de mètres de nos yeux ébahis, le circuit et les premiers essais de la journée. Les paddocks respirent la bonne odeur du desmo et des gommes chaudes, ça démonte, ça remonte, ça prépare, ça améliore dans tous les sens sur les IE de la coupe. Je m’enfile un jambon beurre des familles tandis que le japoniais de l’équipe se tape deux ou trois casse dalle, quelle honte !

Ensuite ben quartier libre, y’a ceux qui veulent voir de plus près les pièces d’occasion, ceux qui veulent filer dare-dare regarder tourner les monos pour leurs essais, ceux qui veulent retourner dormir (si si y’en a ! :o))

Pour les stands de pièces, on aura le temps de voir ça, moi je file me poster sur les abords du circuit pour voir tourner les 350 desmo, les 250 desmo et toutes ces petites merveilles qui gazent pour les essais des monos. Rhâ que c’est beau ! Des mélodies infernales vous prennent au bide, et ça secoue. Puis c’est au tour des twins … Des couples coniques t’en veux ? En voilà ! Voir ces mecs se dépouiller sur d’aussi belles motos ça vous glace le sang, ça électrifie ! Marco me confie qu’il en a les poils tout hérissés. Pour ma part, je lâche à Alex que tout ça est bien " gaulifiant ". Les mecs s’éclatent, ça se sent… Cuirs noirs, motos brillantes et cette magie des couples coniques qui arsouillent, c’est indescriptible les gars, faut voir ça au moins une fois dans sa vie pour ne pas mourir idiot ! On voit passer Alain sur sa splendide SS n°88, on a les yeux qui brillent comme ceux des morveux devant l’arbre de noël.

Puis ce sont les 900 IE qui s’élancent pour les essais. Nom de zeus, là ça watte sévère ! Les gars ne sont pas là pour rigoler… Pas là pour discuter le bout de gras avec le voisin, ça ouvre, ça glisse, ça angle et on a envie de sauter la barrière et d’y aller nous aussi. Oui, ça donne vraiment envie. Bon okay, un "léger" détail qui a son importance : eux ils savent faire, pas moi, pas nous ;o))

Et puis c’est la course ! Les voir rouler, s’éclater c’est communicatif, ça file une décharge d’adrénaline qui transcende. On n’est plus là pour rien d’autre, on suit les évolutions de ces gars avec la bave aux lèvres, on admire les arabesques que dessinent les gommards arrières en sortie de courbe, on hallucine en voyant les freinages d’anthologies qu’ils se font, les dépassements osés, les angles diaboliques… On admire, on en prend plein les mirettes et on se dit que nom de dieu, y’a pas grand chose d’aussi beau qu’une Ducati, quelle qu’elle soit, sur une piste. Bon, y’a pas Baxxer qui est pas qualif’ mais on regarde quand même la course ;-))

Et puis les courses des autres, même topo : on ne s’en lasse pas… Jusqu’au moment où c’est l’heure d’aller se remplir le bide. Direction le chapiteau où se massent plein de fanas tout ça au milieu d’une grande messe de musiques dont les compositeurs s’appellent Imola, Termignoni, Conti …

Super bien géré le repas sous le chapiteau, bravo les gars de l’organisation ! Tout est bien pensé, on n’a qu’à suivre le flot tout en discutant et on se retrouve assis avec une assiette pleine ! Linus, Mash, Alex et moi échangeons nos avis sur ces premiers moments magiques. On croise une autre bande de lyonnais que nous voyons à l’occasion dans la capitale des gaules et on parle cinq minutes avant qu’un vacarme digne des plus grandes envolées lyriques d’un Wagner au meilleur de sa forme nous rappelle que le départ des 300 Miles est en cours !

Vite, on jette les plateaux dans les poubelles et on fonce vers la passerelle qui permet de passer de l’autre côté de la ligne droite des stands ! Là c’est la folie, des motos partout ! On a raté le départ mais ça watte grave dans la ligne droite.

Linus sort ses appareils photos et mitraille à tout va tandis que je m’essaye à quelques clichés avec le numérique de Xavier qui est allé dormir un peu (oui c’est un petit joueur).

Linus va aller se promener de son côté tandis qu’à son tour Mash rejoint la tente pour un petit roupillon. Après avoir croisé à nouveau Marco, Alex et moi faisons le tour du circuit de l’extérieur en attendant le lendemain de pouvoir le faire de l’intérieur :o))

On reste un moment en face des stands, à détailler la vie des équipages pendant l’endurance. C’est super sympa l’ambiance… Les nanas chronomètrent et panneautent leurs mecs tandis que les potes préparent les outils, gèrent l’intendance. Derrière, en retrait, les gamins s’agitent et soutiennent leurs papas héroïques. Vue de l’extérieur, ça fait vivant, ça fait humain, et c’est encore plus beau. Je vous cache pas que comme beaucoup d’entre nous, à ce moment là, j’aurai donné beaucoup, vraiment beaucoup pour être le cul sur un de ces magiques twins à visser la poignée juste avant la ligne droite des stands. Mais c’est encore rien par rapport à ce que je vais vivre le lendemain lorsque je poserai les roues du JBT sur la piste…

Au bout d’un moment on a un peu tout vu avec Alex alors on se décide à aller se poser un moment près des tentes. Là on croise Xavier et Bronx dont je fais la connaissance. Entre ex proprio de Terreblanches volées, on peut échanger nos impressions sur l’évolution des 900 IE lors de la coupe ;o))

Xavier me dit que plein de listeux sont arrivés aux tentes et qu’un gars du musée nous a posé un papier pour nous demander d’aller apporter nos motos (Mantra et JBT).

On file donc au musée tout proche pour discuter avec le gars mais surtout pour profiter du spectacle de ces motos d’anthologie réunies pour la bonne cause. Bon, alors, l’Indiana et le side cross, ils auraient pu s’en passer parce que vous serez d’accord avec moi je pense, ça ne présente pas un intérêt majeur quand même :o))

Cucciolo, 65 Sport, Mark3, Scrambler, Pantah, 750 Sport, 750 SS couples coniques, F1, SantaMonica, Paso, 851 mono, FE, et en plus des Bimota, on ne sait plus où donner de la tête ou plutôt de la boîte à tof.

Y’en a pour tous les goûts, de toutes les époques… On apprend qu’un 851 tricolore est attendu mais qu’il reste de la place pour le Mantra et le JBT : on revient dans une heure, promis.

En attendant on va faire un tour au milieu des stands de pièces, pour voir toutes les belles pièces Ducati à vendre un peu partout. Et là aussi, ça fleure bon l’ambiance, c’est comme ça que ça doit être une concentre Ducat, et pas autrement ! ;-))

Tout ici est fait pour la gloire du dieu Desmo et c’est fascinant de pouvoir discuter avec des mecs sur la même longueur d’onde, des passionnés de chaque côté de l’établi sur lequel sont posés pêle mêle cloche d’embrayage, carbus Dell’Orto, leviers de pantah, maitres cylindres de 851, carénages de 888… pfff… tout ce qu’il y a à voir, même sans rien avoir à chercher (ce qui est presque mon cas) on se régale de chiner, de farfouiller à gauche à droite, par plaisir, par curiosité et par éducation …

De retour aux tentes, les listeux sont là… Je revois Titeuf lui aussi rencontré au WDA, ça fait plaisir de le voir là ainsi que T-Bone, et puis les autres… tous les autres, vous tous avec qui je n’ai pas pu discuter vraiment parce que deux jours c’est trop court mais vous tous qui avez dans les yeux cet éclat qu’on appelle passion. A tout seigneur tout honneur, je fais enfin la connaissance du vénéré Koteuleu, sieur Gildas le bien nommé. Puis ce sont les autres, Paul, Sam, Pakal, Manu et sa Darmah immatriculée 11… On taille le bout de gras à gauche à droite puis Xavier et moi nous filons au musée pour y exposer nos motos. Vous auriez vu la gueule des gens au passage de la Mantra verte et noire, ça valait franchement le coup ! Les gars qui se retournent, ceux qui arrêtent carrément de parler pour regarder, et les motards qu’on croise qui s’arrêtent pour se retourner eux aussi !

Devant le musée, en rentrant les motos je fais la connaissance de Fabrice qui m’a repéré grâce à la JBT… Là aussi c’est la surprise des gens devant la Mantra. Les gamins demandent à leurs parents ce que c’est que ça et les pères de famille leur répondent de la fermer, que c’est dangereux et qu’il vaut mieux pas rester là… Mais non Xave, je déconne fais pas la gueule quoi ! ;-))

De retour aux tentes, c’est l’heure de l’apéro. Je tape la discussion avec mes voisins d’origine, Pakal et madame ainsi que Manu. Allongés dans l’herbe avec un Ricard et l’accent de chez moi de ces listeux, on est pas bien ? :o))

Xavier n’arrête pas de brancher le Koteuleu à propos de la Mantra mais Gildas est inflexible : ta moto est moche et arrête de nous gonfler sinon tu vas voir ta tronche à la récré…

Bref, ambiance sympa et déconnade entre potes au milieu de ces motos que nous aimons tous plus que tout, qu’imaginer de mieux ? :o))

Ensuite c’est le verre de l’amitié près du chapiteau. Là je fais la connaissance de Pia puis on discute avec Keith, un anglais du British DOC qui est venu en Bimota DB2 et qui a déjà repéré Marco pour rentrer avec lui le lendemain puisqu’il se barre en Suisse.

Le kir est bon, alors on en use et on en abuse mais c’est très politiquement correct. Ensuite ben nos estomacs réclament leur du alors on fonce sous le chapiteau. Là on retrouve Laurent, le pote en 888 que nous avions rencontré à Misano en repartant du World Disney Weekend. On parle tout en faisant la queue, et on se retrouve une bonne tablée avec notamment Titeuf et Pia, à manger des coucougnettes de taureau (dixit Xave à Pia) tandis que Titeuf se gave de madeleines et de tartes qu’il a piqué aux serveuses.

Les discussions battent leur plein et puis le jour se couche, après certains vont écouter Calvin Russel qui fait du blues dans son coin alors que d’autres retournent aux tentes. Gildas qui avait prévu le coup en apportant plein de bois récupéré dans un vieux manoir hanté que n’aurait pas renié Dracula, prépare un feu de camp. Tranquilles, on est tous là autour, et la deuxième partie de soirée s’annonce bien. Pourtant à peine les premières flammèches ont loisir à virevolter au dessus du bois, deux gars et un clebs nous tombent dessus.

- Faut éteindre le feu !

- Ah bon, pourquoi ?

- Parce que !

- Oui mais encore ?

- Un arrêté préfectoral… bla bla bla… et puis j’ai été scout … et ma mère prépare de super petits pois carottes… bla bla bla …

La fête est finie, faut circonscrire le feu, l’âme en peine. Bravo aux John Wayne de pacotille qui sont venus faire connement leur boulot de merde en se la jouant gros bras…

Pas glop ça alors moi je vais écouter Calvin Russel pour la fin de son concert, histoire de me changer les idées. Lorsque je reviens au campement, certains dorment déjà. Demain il y a encore plein de trucs à faire et plein de trucs à voir alors je fume une dernière clope avec Xavier et Alex avant d’aller me pieuter à mon tour.

Dimanche 30 juillet

Lever tard… Rhââ 9h30, tout le monde ou presque est déjà parti manger, les gorets !

Y'a encore des gens par là… J'ai tout juste le temps de mettre mes yeux artificiels pour assister au départ de Marco et de ses potes en compagnie de Keith, l'anglais en Bimota qui rentrent tôt.

Nous, on a encore pas mal de choses à faire… Notamment récupérer nos motos toujours sous le auvent du musée mais aussi et surtout mettre enfin nos roues sur un circuit.

Au début je stresse un peu… Y'a plein de kékés en R1 kékétisées qui se pressent autour de la voie d'accès au circuit comme des tchétchènes affamés autour d'un camion de l'ONU. Ils ont tous les combardes kékés réplica, les casques réplica, bref, je me dis : "Ouh là, eux ils sont graves, ils vont rouler comme des cons et me mettre au tas en me harponnant"… Mais bon, je vois Manu et sa Darmah qui y vont alors ça me titille. Et puis depuis le temps que je voulais rouler sur un circuit, même à l'arrêt…

Rudy et Guillaume y vont, je me joins à eux en compagnie de Bronx et d'Alex sur leurs suzuki et mostro respectives.

On fait la queue et sous le soleil en cuir intégral il fait pas froid. Gildas qui passe par là nous encourage à bouffer du toy et du mixeur niakwé, à faire les ogres, bref… à les … POURRIR GRAVE !

Ben voilà, on se suit tous, Bronx à mes côtés, Alex et le Mostro devant pendant qu'on attend que la piste soit libre.

Et puis on y va, ahhhh… sacré moment quand on longe la voie des stands pour sortir au bout de la ligne droite. Premier virage, le droit, je prends mes repères en essayant de pas gêner les furieux et d'anticiper les manœuvres des poireaux comme moi devant. On n'a que deux tours alors dans le premier gauche ben je hausse un peu le rythme, oui je sais c'est pas raisonnable, les pneus sont pas chauds. Mais merde quoi, c'est pas tous les jours que je peux me retrouver sur un circuit ! Ben voilà, en plus y'a deux ST2 devant, des italiens, qui me titillent alors ben, faut leur montrer qu'une mamie aux mains d'un blaireau ça peut le faire quand même un peu… Je profite d'un droit pour me taxer le premier au freinage mais dans la longue ligne droite, des 916 et autres Bimota m'enrhument sévère.

Arrivée au freinage sur un droite, ça y est, je commence à bien me sentir, alors je retarde un poil la prise du levier, histoire de s'y croire… je suis à l'arrêt bien entendu mais bon, ça fait toujours plaisir de flatter un brin son ego ! ;-))

Et là je tombe sur un mec immatriculé 78 sur un 750 VFR. Ben là ouais, on approche du dernier quart du circuit et là on va faire 1 tour complet ensemble, roues dans roues; à toi à moi… Rhââââ oui, là c'est de l'arsouille top de chez top! Je le passe au freinage, il me reprend à celui d'après, je le passe dans un virage large, il me pourrit dans un serré… C'est fabuleux d'autant plus que derrière il y a un petit trou, donc on gêne personne et on peut ouvrir peinard… Deuxième tour déjà, dans un gauche je veux en remettre une couche histoire de dire… Lorsque je prends la corde (enfin ce que moi j'appelle la corde et qu'un habitué appellerai "les fraises") un frottement sinistre sous mes pieds me rappelle à l'ordre.

Je rends la main pour le dernier enchaînement de virage, de toutes façons faut sortir pour laisser la place aux autres.

En roulant sur la voie de sortie, je suis aux anges, côte à côte avec le mec en VFR on se salue et on se fait de grands signes "super", "c'était cool"… et tutti quanti …

Retour aux tentes, je suis pas encore descendu de mon nuage. Didier me voit arriver, béquiller le JBT et tomber le casque, le blouson, un sourire qui en dit long sur mon état d'esprit je pense…

Ensuite ben inspection des pneus et la réflexion de Didier "Mon petit Guilhen, tu n'as pas été raisonnable"… La trace d'écaille sur le cale pied gauche nous le confirmera si besoin était… :o))))

Le temps de se remettre de cette claque mémorable, on va larver un peu, en assistant aux départs massifs d'un peu tout le monde. On défait notre campement petit à petit, rangeant les tentes, les duvets, préparant les motos…

Et sur le coup de 13h30 on lève le camp en compagnie de Linux avec qui on va faire la route jusqu'à Clermont.

Et là franchement… ça va être grandiose !

Sur la route on roule peinard, Didier ferme la marche pour cause de rodage, la météo est idéale, on profite.

Jusqu'à ce qu'à mi chemin je vois dans mes rétros un SS carbu rouge… Rapide réflexion dans ma petite tête : il est pas avec nous lui… Je profite d'une accalmie dans le flot de circulation pour jeter un œil derrière et là je vois un 916 et un 600 SS qui se sont intercalés dans le groupe… Devant moi la route est propre, et commence à bien tournicoter… Ben je crois que vous comprenez que fatalement, fallait y aller ! ;-)) A l'approche d'un virage, on tombe un rapport de plus histoire de bien se relancer et on hausse progressivement le rythme… Je dépasse Guillaume en trombe dans le plus pur style "mais quelle mouche l'a donc piqué?"…

Et ce gentil retour va se changer en baston un poil saignante (non non, si peu !;-))) en compagnie de nos deux invités surprises... Pendant une vingtaine de bornes ça va être trop trop fort, à surveiller où ils en sont dans les rétros, à en mettre plus, et la route s'y prête tellement bien que franchement ça aurait été gâche de pas souder comme ça !

Au bout d'un moment le 600 SS se porte à ma hauteur à la faveur d'une ligne droite reposante et me fais signe qu'un arrêt apéro serait le bienvenu… Ben mon gars, c'est pas moi qui vais refuser une telle invit' ! ;-))

Je monte rejoindre Rudy qui ouvre devant et lui transmets le message… Cinq bornes plus loin les motos sont béquillées les unes derrière les autres à côté d'une terrasse ombragée…

Là ben on découvre nos deux ducatistes et leur passagère, on papote, on échange nos points de vue sur les 20 ans d'où ils viennent également, bref, ça le fait bien!

Par contre le papy qui arrive à côté de notre table en lançant un "je sais pas si c'est grave mais y'a une moto par terre", j'ai moyen apprécié… Victime de sa fameuse maladie chronique, la béquille du JBT n'a pas supporter le goudron chaud et hop, Mamie par terre ;((( Cligno pété, carénage à peine éraflé (ouf !!!) mais poignée d'embrayage morte. Heureusement Didier qui a toujours tout ce qu'il faut sous la main peut me dépanner et un peu dégoûté je repars avec tout le groupe…

Nous allons rouler tous ensemble un moment jusqu'aux portes de Clermont Ferrand puis nos deux invités s'échappent de leur côté pour laisser Linux nous mener jusqu'à l'autocroûte pour rejoindre Lyon au plus vite.

Je tiens quand même à préciser que dans la descente sur Clermont, j'avais Xavier sur la Mantra devant moi et que ça roulait bien, à tel point que plusieurs fois dans les épingles j'ai bien cru que j'allais me ramasser ses sacoches cavalières dans la poire ;-)))

Devant l'autocroûte, on se dit au-revoir, Linus rejoignant son home sweet home, Xave, Guillaume et Rudy rentrant par l'autoroute, Didier, Alex et moi préférant la route.

Ben là aussi ça va plutôt bien le faire le retour, on va encore se faire gravement plaisir en arrivant sur les monts du lyonnais au soleil couchant, fascinant spectacle puis pour se finir un petit col qui va bien du côté de Lyon et arrivée chez moi vers 21h30… crevé mais tellement heureux après un tel w.e. !!!

Y'a pas à dire, des potes, des motos phénoménales… et que demander de plus ?

Guilhen

10/08/2000