Salut,

Fait beau et doux, les routes ne sont pas encore encombrées, quelle
merveilleuse époque pour randonner en motos par les petites routes. Allez on
profite des reco du Rallye Britalia vers le Pilat pour rassembler trois
brêles bien adaptées au réseau secondaire et en route pour 200 bornes.
Notre troupe est aussi hétéroclite que les années 70 : un 250 Desmo et une
650 BSA Lightning, toutes deux de 71, un 350 YR5 Yam de 72 (manquait une
allemande et une ricaine, heu ???).
Epoque de ces motos encore pleines de sensations, toutes différentes mais si
attachantes chacunes dans leur registre.

Coté moteurs, déjà on reste dans la moto : un ou deux cylindres, basta. Pas
de démarreur, kicks pour tout le monde : et que je te replie le cale pied,
... (même la jap !). Un mono 250 4T toujours aussi surprenant, coupleux et
qui prend des tours... (plus que le 2T !). Un twin 350 2T qui pulse vraiment
fort dès 4500T mais qui s'accomode aussi d'un filet de gaz (faut seulement
pas que ça monte, yapa de couple). Un respectable twin 650 qui tracte
vivement dès les plus bas régimes et qui plafonne quand arrive le virage
suivant (un peu comme un XT500 mais plus péchu). Et trois sonorités si sympa
(poumpoum, zuiiiiiii, breueueueu), des mélodies qu'on n'entend plus guère
mais que certains reconnaissent encore.

Question présentations, des machines basses, étroites avec des pneus ah que
même les mobs d'aujourd'hui, ils sont plus gros !
Des couleurs criardes (quoique maintenant !) dans les paillettés ou orange,
crème, marron. Les formes de la Ducat sont encore empreintes des contours
ronds des années 60. La BSA et la Yam ont déjà des formes plus tendues. Mais
pas de plastoc sur aucune des trois, rien que du polyester, alu, chrome,
bref des matériaux plaisants à l'oeil. En équipements, sur l'italienne,
c'est le strict minimum avec des accessoires (commodos, phares, électricité,
...) dont la qualité semble prendre un coup de vieux face à ce que montent
les jap mais ausi les anglais (eh oui !).
Bon tout ça c'est pas bien grave, ça ne fait pas avancer les machines de
toutes façons.

En route mauvaises troupes et là, trois tenues de route saines même sur
mauvais revêtement, des parties cycles légères et très vives (aussi la BSA,
la plus lourde pourtant sur le papier), des freins à tambour pas ridicules
du tout (voire pouvant devenir violents si on ne dose pas), des positions
finalement plus confortables que ce qui se fait maintenant, des suspensions
encore dans le coup quoique rackettant un peu, des selles assez bien
rembourrées, des commandes douces, ...
Pleines de défauts aussi, un 2T qui devient franchement creux quand on passe
les 1000m d'altitude (qui plus est chargé en duo), réclamant ses 8L avec un
résé de 12 au total (ce qui oblige à savoir lire une carte routière). Un
mono qui ratatouille parfois aussi à ces hauteurs-là, qui déboulonne les
trucs serrés façon lopette, qui casse un peu à la longue son (grand) pilote.
Une anglaise qui ne fuit pas mais à la boite récalcitrante (en tout cas sur
celle-ci), à l'instrumentation détruite par les vibrations malgré les
silent-blocs, à la centrale qui frotte parfois... Et lot commun, des
éclairages d'époque (surtout la Ducat et la Yam).
Mais ça fait aussi leur charme tout ça car c'est à nous de s'adapter à elles
: de là nait le plaisir non ? En somme, les défauts font ressortir les
qualités.

Bref avec ce genre de pétoires, on redécouvre les routes oubliées qu'on
n'aurait pas autant appréciées en modernes en se disant que c'est trop lent,
trop bosselé, trop ... Pourtant on ne serait probablement pas allé beaucoup
plus vite avec 75 ou 100cv le nez dans la bulle. Et puis pas un radar et
plein de terrasses accueillantes.

Zen / MCT