14 h 20, j'arrive au Ducati Store de Lyon. Eric le boss est en congés et il
a pris la Mostro S4R, je me contenterai donc de l'essai de la Multistrada.
Le temps de papoter un peu et de remplir quelques papiers, puis Manu me
donne les clés d'une superbe Multistrada grise, parfaitement assortie à mon
casque et à mon cuir tout noir. Il me donne quelques consignes, et me voilà
sur la moto. Je mesure 1m80 et je n'ai pas de grandes jambes, et je me
trouve tout de suite à l'aise : le grand guidon est à bonne distance des
épaules, les genoux viennent se mettre juste contre le réservoir et je pose
les pieds à plat. Seul défaut, le repose-pieds se trouve juste à l'endroit
où tombe ma jambe à l'arrêt, c'est un peu gênant au feu rouge. Autre défaut,
les rétros trop petits, mais heureusement ils ne vibrent pas.

Conditions de l'essai : temps gris, plafond bas, température polaire, piste
sèche mais très froide : on ne fera donc pas de folie ni en terme de prise d
'angle ni en remise de gaz ou freinage.

L'essai démarre dans la banlieue nord de Lyon, au milieu des centres
commerciaux : dès le premier abord je suis surpris par la maniabilité de l'
engin. Mon dernier souvenir de moto « non sportive » est une 640 KTM LC4
avec laquelle j'avais fait quelques kilomètres cet été, et je retrouve ce
côté très joueur d'une partie-cycle entre le trail et le supermotard : cette
Multistrada doit peser au moins autant qu'une Ducati sportive, et pas loin
de 20 kg plus que ma 998 S, mais c'est un vrai vélo : les ronds points se
passent sans même qu'on y pense, au second on se surprend à y rentrer fort
sur le frein avant ! A propos de freins, l'avant est bien moins puissant que
celui de la 998 et un peu plus « spongieux » à la poignée mais l'arrière est
nettement plus efficace : au final les freins sont bons, et adaptés à l'
esprit de cette machine.

J'attaque la route de l'Azergue, pour prendre quelques grandes courbes que
je connais bien, notamment le passage sous le viaduc avant Civrieux.
Aussitôt, je suis bluffé : à 140-150 dans ces grandes courbes la moto est
très précise et très stable, tout en restant sensible au moindre mouvement
du pilote. Je trouve d'ailleurs assez vite la bonne position : il faut
pencher un peu le buste en avant de manière a avoir les coudes bien pliés et
écartés, ainsi l'avant est moins léger et on le sent beaucoup mieux. Dans
les portions un peu rectilignes on peut rouler sur le couple, aux alentours
de 4500-5000 tours, à 120-140 km/h, sans ressentir trop de pression d'air.
Un coup de gaz et la moto se retrouve sans effort à plus de 160. Seul souci
aujourd'hui, la moto n'a pas de pare-mains et je m'aperçois qu'une sportive
comme la 998 S protège bien mieux son pilote qu'une Multistrada : j'ai très
froid aux doigts, et aussi au cou malgré le col roulé sous le blouson.

Je continue sur les petites routes des abords du Beaujolais que je connais,
enchanté à la fois par cette partie-cycle très facile, naturelle et
agréable, et aussi par le moteur 1000 DS : ce moteur est très rond, il ne
cogne pas à bas régime, s'utilise entre 3000 et 7000 tours (il est vraiment
inutile d'aller au-delà), et pousse très bien la moto : en l'absence de
bruit on se retrouve très vite, et sans s'en rendre compte, au delà de la
vitesse maxi permise sur autoroute :-)

Voilà, après 40 mn d'essai je ramène la Multistrada au Store, totalement
conquis.

Prochain essai : la Mostro S4R

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Pierre - essayeur heureux