'lut la meute,
Je va vous raconter une bien
belle journée motarde.
L'action se situe dans le
sud-ouest de la France, à Toulouse exactement, où
le sieur Cuq nous avait convié,
Perfal, Sébouille et moi-même à faire une
pause au cours de nos
périgrinations estivales respectives.
Blagnac est une petite bourgade
dans la périphérie de Toulouse. Pas grand
intérêt si ce n'est que c'est le
berceau d'un club fort sympathique : le
Blagnac Moto Rétro. Ce club
s'est mis en tête de rescuciter une ancienne
course moto des années trente
faisant une boucle Toulouse/Toulouse en
passant par "quelques"
cols des Pyrénées.
L'idée est sympa comme tout tant
qu'on ne se penche pas sur le road book
prévu : plus de 450 bornes à
couvrir en une journée sur des pétoires
d'époque et ce à travers la
montagne : des tarés !!!! :))
Voilà donc pourquoi nous nous
retrouvons tous les quatres le samedi matin
très-très tôt ( 5:00 du mat )
devant la salle polyvalente de Blagnac.
Dans la pénombre, des ombres
s'affairent autour d'objets à la forme
désuette.
On distingue à peine ces
vénérables, des Terrots, Peugeot, Motoconfort, BSA,
Gnome & Rhône et d'autres
marques encore que je ne connaissais pas et que
j'ai déjà oublié :o/
En s'approchant, les contours se
font plus nets et l'on croise d'étranges
personnages vêtus de vieux
barbours, le cromwell pendu à la ceinture,
certains arborent même de
magnifiques moustaches : des allemands ont fait le
déplacement, chez eux le moindre
le moindre détail est soigné :))
L'ambiance est presque
religieuse, les discussions se font presque à voix
basse, les ultimes préparatifs
fleurent bon le rituel et même en tant que
profane, je sens bien que c'est
un truc exceptionel qui se prépare.
Les machines ... que dire de ces
magnifiques objets vestiges d'une époque
révolue où tout était pensé
avant tout pour l'esthétisme ? Rhââââ ! Ces
formes harmonieuses, de la
mécanique simplissime malgré les multiples et
mystériseuses manettes qui
encombrent les guidons.
Mystérieuses, pas vraiment,
j'avais déjà eu " affaire " à la mamie de Mash,
un 500 FM je crois qu'on avait
vainement tenté de démarrer.
A gauche le levier de strater, à
droite celui de l'avance à l'allumage, un
autre pour les gazs, encore un
pour l'embrayage, etc ... Et je parle pas des
leviers de vitesse au guidon,
doit falloir 5 mains pour tout maitriser :))
Les 4t arborent fièrement les
guide-soupapes à l'air libre, lubrifiés par le
fameux système dit " à
huile perdue " c'est à dire un filet d'huile qui
vient arroser les pièces
mécaniques en mouvement, un peu le système du
scottoiler en version généreuse
quoi, du genre qui repeint la roue arrière
de façon inéluctable :))
Au niveau de l'aspect, il y a de
tout. Des machines des trois allemands
somptueusement restaurées au
point qu'elles semblent sortir d'usine à
d'autres " dans leur jus
", les seules à avoir de la valeur aux dires des
puristes.
Mais voilà l'heure du départ qui
approche. Le président du club nous remet à
chacun des chasubles jaune fluo
en nous expliquant brièvement notre rôle :
nous porter à l'avant avec nos
motos " rapides " (! :)) du convoi et
s'arrêter à tour de rôle à
chaque intersection pour indiquer aux "
concurrents " le changement
de direction jusqu'au passage du camion-balai
puis remonter en tête pour
relayer les autres.
Les 17 pétoires s'ébrouent et
c'est imméditament un vacarme assourdissant en
même temps qu'un brouillard
dense qui envahit le parking.
Arf ! Boudiou !!!! Ce potin !
:))))
Traversée de Blagnac par les
ruelles étroites, devaient être prévenus les
riverains j'espère pasque leur
réveil a dû avoir un arrière goût
d'apocalypse ! :))))
Rocade, autoroute même, pour
s'extirper de l'agglomération. Les pétoires se
trainent à 60 km/h, je me place
bien à leur gauche pour les protéger un peu
( certains n'ont même pas
d'éclairage ) mais heureusement, pas grand monde à
cette heure matinale.
La file s'étiole de plus en
plus, on sent de suite les différences de
performance entre les 250 (
certains sont même en duo !!! ) et les 500.
Au bout de quelques kilomètres
on se rend à l'évidence : Cuq, Perfal et un
des concurrents sont à la
traine, la pétoire n'ayant même pas quitté le
parking. La cause : un robinet
d'essence bêtement fermé, il a juste fallut
démonter le carburateur pour
s'en rendre compte :))))
Comme quoi, les top-lopettes
existaient déjà au début du siècle précédent !
:))
D919 plein sud. De longue lignes
droites avec l'aube qui s'ébroue lentement.
Je suis les plus rapides en tête
à .... au moins 70 km/h !!!
D'un coup une Gnome met plein
gaz et dans un nuage bleuté la machine creuse
l'écart. Elle prend lentement
ses tours un par un : au bout du run les 100
km/h ont été franchis !!!
Je me porte à la hauteur du
pilote, juste le temps d'apercevoir un immense
sourire fendant son visage d'une
oreillette en cuir à l'autre :))
Déjà une heure qu'on roule, je
stoppe sur le bord pour allumer une cigarette
et les regarder passer. Une
voiture s'arrête à ma hauteur, un couple de
touristes qui vient de remonter
la meute et m'apostrophe :
" vous allez où ???????
C'est génial ce que vous faites !!!! "
Ca on va l'entendre tout au long
de la journée :))
Le gros de la troupe est passé
depuis un moment quand j'aperçois le double
optique de l'Africa de CHC et le
Transalp de Perfal escortants le
retardataire. Le camion balais
est là aussi, je repars en tête suivi de
Perfal.
Pailhès. Là il faut prendre à
droite en direction du mas d'Azil, fini le
plat_tout_droit : on commence la
grimpette.
Le virage en épingle bien relevé
est négocié avec plus ou moins de bonheur
par les différents concurrents.
On s'emmêle un peu les pinceaux dans les
manettes, ça pétarade à qui
mieux mieux à la décélération, les freins sont
aux abonés absents sur la
plupart apparement mais tous ont un point commun :
ils sont MDR !!!
Même les quelques passagers :))
D'autres motos modernes se sont
jointes à nous, un bandit 600 s, un 1000 CBR
et un 600 mostro. Sébouille
trimballe le caméraman et avec Perfal on
enquille la montée sur le mas
d'Azil avec enfin un peu de gaz. Au fil des
virages on passe les pétoires.
Ca pétarade, ça fume, mais ça grimpe !!!
On commence à bien s'amuser avec
Perfal pi avec le mostro :))
Arrivée au mas d'Azil,
incroyable !!!! La route passe carrément dans une
grotte, c'est somptueux !!!
Je vous dis pas la résonnace des
pétoires là-dedans ! Les ducatis dans le
tunnel de la croix-rousse, à
côté de ça c'est de la gnognotte ! :)))
Juste après la grotte c'est la
pause. Toutes les pétoires sont alignées
comme à la parade. Quelques uns
bricolent déjà un peu, mais pour la plupart
ils se contentent de faire les
pleins ( le fameux graissage à huile perdue
:)). Sandwich, café, déjà je me
demande comment ils ont pu tenir tout ça
sans s'arrêter !
Après le mas d'Azil on attaque
le vraiment sérieux : la D18, une toute
petite blanche sur la michelin
pour passer le col de Rille ( 938 m ) puis
celui de la Crouzette ( 1241 m
).
En bas de la montée, je béquille
le Transalp pour indiquer la bifurcation
sur le haricot.
Le croisement est en bas d'une
longue descente, je me marre en entendant
encore les rétrogradages des
pétoires ! :))
Une Motoconfort orange se
pointe, une voiture le masque, il ne m'a pas vu et
est lancé pleine bourre dans la
descente ( chronométré à 80 km/h dans une
autre plus loin ! ), il voit au
dernier moment mes signes désespérés pour
lui montrer la bifurcation, il
se met debout sur les freins mais rien ne se
passe. Il es PDR et va enfin
réussir à tourner bien après le rond-point,
tout en déhanché les jambes
partant dans tous les sens pour essayer de
contrer les soubressauts de la
machine qui se tord sous la contrainte. Juste
avant de disparaitre dans la
courbe ( en plein gauche ! :)) il me fera un
grand signe du bras genre "
Arf ! c'est pas passé loin ! " :))))
Le col de Rille verra l'abandon
des SDS sauf un équipage qui se fera la
totalité de la boucle : chapeau
!
Un Anglais est arrêté sur le
bord : serrage, segment cassé à priori car plus
aucune compression, ce sera le
premier à rejoindre le plateau du
camion-balais ...
Un peu plus loin, une autre
pétoire arrêtée. Le moteur tourne encore : "
j'ai dû toucher une manette
qu'il fallait pas, j'ai calé. Elle a redémarré
mais impossible de me lancer.
" On béquille les Transalps et avec Perfal on
pousse pour lui permettre de
finir de grimper. Quelques mètres d'élan ont
suffit et l'équipage reprend sa
grimpette pépère : pêt-pêt-pêt ! :))
Le col de la Crouzette redescend
( et quelle descente !!! ) sur Biert et
vient couper la D618 qu'il faut
prendre à gauche.
Je me poste en face du
croisement et je vois arriver la même pétoire orange
que tout à l'heure.
Le type est toujours aussi
hilare, il traverse le village à fond de train,
debout sur les " freins
" et avant d'aborder le carrefour pour déboucher sur
la route me demande par signe si
la voie est libre. Personne, heureusement :
il n'aurait jamais pu s'arrêter
de toutes façons :)
La suite du parcours sera du
presque tout_droit_et_plat jusqu'à Tarascon.
Quelques pannes d'essence mais
les bidons ne sont jamais bien loin.
La pétoire orange pète une
durite d'essence ( en cuivre ! :)), la remplace à
la mac Gyver et c'est reparti.
Ax-les-thermes par la nationale,
les écarts se creusent.
Je me poste au carrefour d'Ax,
point de départ pour la montée sur le Puy
Morens et le pas de la caze.
Beaucoup beaucoup de motos par ici, les
pétoires passées une heure plus
tôt ont fait sensation et beaucoup de
touristes viennent me
questionner avec les yeux qui pétillent :))
Après une heure à poireauter en
plein cagnard, je ne vois plus personne
passer. Ah ! Si ! V'là CHC !
Je mets gros gaz dans la montée
pour le rattrapper; pas longtemps : en
sortie d'un grand gauche; il est
arrêté en train de relever un XJR un peu
trop optimiste qui vient de
finir dans le rail de sécurité. Pas de bobo
heureusement, juste un sélecteur
tordu et sûrement quelques bleus à
l'amour-propre, on repart après
s'être assuré qu'il n'a besoin de rien et on
s'en paye une bonne tranche
jusqu'en haut.
Toujours aussi drôle de passer
les pétoires qui montent à leur rythme :))
J'en suis un dans une épingle :
le repose pied frotte, que dis-je, la moto
s'appuie sur le repose pied et
le gars négocie le virage tout en dérive :
MDR !! :)))
Resdescente sur Bourg Madame, on
croise Sébouille parti en tête avec le
caméraman et revenu s'amuser en
solo.
A Bourg madame, il est 13:00
c'est la fin de la course offiielle. Les coupes
sont remises : les équipages
venus de plus loin : les Allemands, repartent
avec une coupe et des bouteilles
de muscat, leurs sourires en disent long
:))
Une coupe pour le plus ancien :
le papy aux somptueuses bachantes blanches
aggripe sa coupe d'un air
chafouin avant de s'en retrourner contrôler son
niveau d'huile :))
Une dernière pour le couple qui
a tout passé en duo : respects.
Après le repas on repart à
l'ascension en direction de Mont-louis pour un
retour vers Toulouse le long de
la vallée de l'Aude. Plus grand'chose à
baliser, c'est " tout droit
" ( comprendre pas de bifurcations, hein ! :)),
on en profite pour rouler plus à
notre rythme et au gré des pauses on les
regarde passer avec toujours
autant de plaisir.
Vala, c'est fini, sur 17 seuls
trois rentreront sur le camion, celui qui
avait serré dans le premier col,
un Allemand puis un des organisateurs, sa
pétoire ayant cassé sa chaine
juste avant la fin. il aurait été possible de
la remonter surement mais ce qui
restait de trajet ne présentait plus
suffisament d'intérêt.
Pour conclure, un grand merci à
cette bande de tarés pour nous avoir fait
partager leur pasion, leur bonne
humeur et leur magnifique région.
Après ces presques 500 bornes de
montagne, on était cassés sur nos motos
modernes ! Eux, apperemment non
...
Et pourtant, j'ai eu souvent
envie de troquer mon confortable Trans@t contre
un de leur tréteau avec selle à
ressort : pour se balader pépère sur des
petites routes et profiter des
paysages, quoi de mieux ?
Pi l'aventure est omniprésente
avec ces trucs-là :)
--
Aschem